Tu le sais peut-être déjà si tu as lu ma page A propos : j’ai été professeur des écoles pendant quelques années, avant de me lancer dans la grande aventure de la reconversion dans le secteur du web !
J’inaugure aujourd’hui la partie blog de mon site pro avec ce retour sur mon parcours professionnel : mes années d’instit, pourquoi j’ai décidé de quitter l’Education Nationale, comment je m’y suis prise, pourquoi j’ai choisi la voie des métiers du web…
Je n’aborderai pas aujourd’hui mon passage en freelance, car cela fera l’objet d’un second article !
Je sais que nous sommes de plus en plus nombreux.ses à vouloir nous reconvertir, quitter un métier qui ne nous convient plus et trouver du sens à notre vie pro. J’espère de tout coeur que mon parcours pourra t’inspirer, te redonner espoir, et qui sait, te permettre d’avoir toi aussi le déclic !
Licence d’anglais, sans conviction
Après mon bac L, au début des années 2000, je ne savais absolument pas quoi faire de ma vie.
A cette période, les métiers du web en étaient à leurs balbutiements, et les études pour exercer ces métiers n’existaient pas encore. D’ailleurs à l’époque, je n’avais même pas internet à la maison (et les smartphones n’avaient pas encore été inventés)(oui, je suis vieille).
Si j’étais née 8-10 ans plus tard, les choses auraient été différentes, je me serais peut-être dirigée d’emblée vers cette voie…
J’ai envisagé un temps une filière artistique ou bien une fac de japonais, mais cela semblait bien hasardeux… J’ai finalement opté, un peu par défaut, pour une licence LLCE Anglais, ce qui n’est pas tellement plus malin me diras-tu, car les débouchés ne sont pas extraordinaires non plus.
Et pourquoi pas professeur des écoles ?
La fin de la licence approchant, il a fallu faire un nouveau choix : Quelle voie choisir ? Continuer mes études dans un autre secteur ? Si oui, lequel ?
Depuis l’adolescence, j’étais extrêmement mal dans ma peau, je souffrais de phobie sociale et ne supportais pas de parler en public (eh oui, le harcèlement scolaire subi au collège a laissé des traces, malheureusement…)
Je ne participais jamais à l’oral et j’ai d’ailleurs dû ruser pendant toute ma licence pour esquiver les (nombreux) exposés et présentations orales (que je rendais à l’écrit : parfois ca passait… parfois non !)
Je ne m’imaginais donc pas du tout dans un boulot de bureau classique : me visualiser en train de prendre la parole dans des réunions face à des collègues me donnait des sueurs froides.
J’ai donc fini par me décider pour le métier de professeur des écoles.
Une bonne partie de mes camarades de licence se destinaient à passer le concours, et je gardais un bon souvenir de mes années d’écolière, ayant été une excellente élève, très souvent première (oui, il y avait encore un classement à cette époque) (je suis vieille, je te dis). Je me suis donc dit, pourquoi pas ?
Bon, je te vois venir, tu dois sans doute penser que ce choix n’est pas cohérent : je viens à peine de te dire que je ne supportais pas de m’exprimer en public, et me voilà qui choisit un métier nécessitant de parler toute la journée face à 25 ou 30 personnes ?
Tu marques un point. Mais il y une différence importante : quand on est prof des écoles, on a face à soi des enfants. Et ça, c’est peut-être un détail pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup, j’étais à l’aise avec les enfants, et cela me semblait infiniment moins impressionnant que faire la même chose face à des adultes.
Avec le recul, j’ai réalisé que mes années d’enseignement m’avaient permis de vaincre peu à peu ma timidité maladive.
Après des débuts un peu compliqués, j’ai rapidement été à l’aise en classe, par contre je paniquais encore quand je devais m’adresser à des assemblées d’adultes : les réunions parents-profs de rentrée, les conseils d’école… étaient toujours très stressants pour moi.
Malgré tout, avec le temps, j’y suis parvenue de mieux en mieux, et maintenant cela ne me pose plus de problème (bon OK j’ai toujours une petite montée d’adrénaline juste avant de prendre la parole, mais ça va).
Mes années d’instit
J’ai donc eu mon concours en 2007, et après avoir été titularisée à l’issue de l’année de stage, j’ai enseigné de 2008 à 2013-2014.
En dehors de ma première année, où j’ai eu une classe fixe, j’ai passé le reste de ma carrière en tant que titulaire remplaçante (ZIL, si cela te parle) sur une circonscription du sud du 92. J’effectuais principalement des remplacements courts, mais j’ai eu aussi quelques remplacements de plusieurs semaines, voire plusieurs mois.
Il y a eu des moments difficiles, mais globalement j’aimais mon métier. J’aimais être en classe, avec les élèves, enseigner, voir cette petite lueur dans leurs yeux au moment où ça y est, ils ont compris une notion qui leur échappait jusque-là. J’aimais préparer les séquences pédagogiques, trouver des façons ludiques et intéressantes de construire les enseignements.
Le fait d’être l’éternelle remplaçante ne ma pas gênée les premières années, car c’était très formateur : J’ai enseigné dans tous les niveaux, de la petite section au CM2, j’ai vu beaucoup d’organisations de classes différentes…
Mais peu à peu cela a contribué à ma lassitude : devoir sans arrêt repartir de zéro, prendre une nouvelle classe au pied levé, « dompter » de nouveaux élèves, faire ses preuves, s’imposer, et dès que ça commençait à rouler… il fallait déjà repartir !
Et puis, le ras le bol
Je ne vais pas entrer dans le détail car cela prendrait un article entier.
Si tu as autour de toi des professeurs des écoles, je pense que tu as déjà une bonne idée de tout ce qui ne va pas dans ce métier. J’ai atteint mon point de non-retour en 2013. Je suis rentrée un soir en larmes, j’ai été arrêtée par mon médecin et au fond de moi je savais déjà que c’était terminé.
Quitter un emploi de professeur des écoles est un choix lourd de conséquences, et parfois mal accepté. Généralement l’entourage ne comprend pas que l’on renonce ainsi à un poste de fonctionnaire et à la fameuse « sécurité de l’emploi ».
Mais, à mon sens, cela va encore plus loin : démissionner de l’Education Nationale, ce n’est pas comme démissionner d’une entreprise, c’est plutôt comme si on démissionnait du métier lui-même.
Il n’y a pas de retour en arrière possible, on ne peut pas se dire « Tiens, j’ai changé d’avis, finalement je vais aller postuler chez le concurrent », car il n’y a pas de concurrent.
Admettons qu’on veuille redevenir prof : on repartirait alors de zéro, il faudrait repasser le concours comme un candidat lambda, puis redémarrer tout en bas de la grille salariale (qui n’avance déjà pas bien vite…)
Autant te dire qu’il faut tout de même y réfléchir à deux fois !
Néanmoins, mon choix était clair : je savais déjà que je ne reviendrais pas.
Une porte de sortie inespérée pour ma reconversion
Très vite s’est posée la question de l’après : que faire ? Qu’allais-je devenir ?
Je ne suis pas naïve, je me doutais bien qu’une future ex-instit, ayant pour seul diplôme une licence d’anglais, avait peu de chances d’intéresser un potentiel employeur.
C’est là que je dois préciser un point ultra-important de mon parcours : à la même période, j’étais déjà en train de préparer ma porte de sortie… sans même en avoir conscience.
Je m’explique : depuis 2011, je tenais un blog lifestyle qui m’occupait une bonne partie de mon temps libre. Etant quelqu’un d’exigeant et de perfectionniste, il m’importait de bien faire les choses pour avoir un beau blog et produire du contenu de qualité :
- Je me suis mise à Photoshop en autodidacte pour créer mon logo sur-mesure.
- J’ai commencé à bidouiller le code HTML et le CSS de mon blog (à l’époque sous Blogger) pour pousser plus loin la personnalisation.
- J’ai découvert le monde fabuleux de la rédaction web et du SEO pour booster la visibilité de mes articles.
- J’ai appris les bases du community management pour promouvoir mon blog
- Un peu plus tard, en 2014, je me suis décidée à migrer mon blog sur WordPress : le début d’une grande histoire d’amour avec mon CMS chouchou !
Tout cela me passionnait et j’y passais des heures et des heures, tant sur mes articles que sur mon blog lui-même.
Le choix du master
Bref, revenons à notre reconversion : quand il a donc été question de changer de voie, et bien je n’ai pas eu à chercher bien loin : le web s’est imposé tout seul.
J’aurais alors pu faire le choix de continuer à me former en autodidacte et me lancer directement, soit en postulant à des boulots salariés, soit carrément à mon compte.
Mais mon syndrome de l’imposteur ne l’entendait pas de cette oreille. J’ai préféré jouer la carte de la sécurité en reprenant mes études pour obtenir un master et me sentir plus crédible sur le marché de l’emploi (Eh oui, je suis devenue prof des écoles avant la « masterisation » de la formation, j’avais donc à l’époque un bac +3 « seulement », les 2 années passées à l’IUFM ne comptant pas comme un master).
Je te passe les galères administratives, les démarches sans fin, le bras de fer avec l’Education Nationale pour obtenir une disponibilité pour l’année scolaire 2014-2015…
Retour sur les bancs de la fac
Revenons à notre choix de master : très vite, j’en ai repéré un qui réunissait tous mes critères :
- Ouvert aux étudiants issus de filières Sciences humaines, et non uniquement scientifiques
- Une approche pluridisciplinaire sur l’ensemble des métiers du web (technique, créa, socio du web, gestion de projet…)
- En alternance durant les 2 années
- A la fac, donc « gratuit » ou presque (300 euros de frais d’inscription par an)
- Bref, le Master de mes Rêves, comme je l’appelais !
Petit bémol il n’y avait que 44 places pour plusieurs centaines de candidats… Mais j’étais ultra-motivée et cela s’est senti : j’ai passé sans problème les épreuves de sélection et j’ai été admise ! Il est clair que les compétences acquises grâce à mon blog ont pesé dans la balance.
Je suis donc retournée sur les bancs de la fac en septembre 2014, à 30 ans passés. Encore aujourd’hui, je garde un super souvenir de ces 2 années ultra formatrices ! J’ai adoré écrire mon mémoire de recherche, participer à des projets web super intéressants et partir tourner un web-documentaire à Busan, en Corée : c’était complètement fou !
Apprendre, toujours apprendre
Autour de moi, quand je parlais de ma reconversion et du fait de redevenir étudiante, j’entendais souvent la même remarque : « Je ne sais pas comment tu fais. Moi, je ne pourrais pas ! »
J’ai l’impression que, pour beaucoup, redevenir étudiant = régresser, revenir en arrière.
Je dois avouer que je ne partage pas du tout cet avis. J’adore apprendre, et si je pouvais passer ma vie à suivre des formations, à absorber de nouvelles connaissances, je le ferais avec plaisir ! D’ailleurs cela me parait absolument indispensable quand on bosse dans le web : se spécialiser, se perfectionner, se former à de nouvelles compétences, garder l’œil ouvert…
Je sais maintenant avec certitude que je continuerai d’apprendre toute ma vie.
Cependant, je pense que les choses ont évolué ces dernières années (et encore plus depuis le Covid), les reconversions sont de plus en plus fréquentes, tout le monde se met à suivre des formations, bref, les gens sont prêts à davantage de flexibilité et à une vie pro moins linéaire qu’en 2014, et c’est très bien !
Et après la reconversion?
Le renouvellement de ma disponibilité m’a été refusé pour mon année de M2. J’ai donc démissionné de l’Education Nationale plus tôt que prévu, en septembre 2015, et je n’ai jamais regretté mon choix.
Au-delà du boulot de prof lui-même, je dois avouer que j’ai été soulagée de quitter la fonction publique : je n’avais jamais été vraiment alignée avec certaines obligations des fonctionnaires comme le « devoir de réserve », et des restrictions qui me hérissaient le poil comme le fait de ne pas pouvoir créer librement mon auto-entreprise.
J’ai obtenu mon master Cultures et Métiers du Web en 2016. Le début d’un nouveau chapitre, et son cortège de questions :
- Dans quel type d’entreprise ai-je envie de travailler ?
- Que choisir entre SEO et gestion de projet ? Com digitale et webdesign ? (le problème des profils polyvalents en entreprise…)
- Est-ce que la pédagogie et la transmission me manquent ?
- Et pourquoi pas freelance ?
Bref, il y aurait de quoi écrire un nouvel article entier ! D’ailleurs, c’est ce que j’ai prévu de faire.
Ma reconversion : conclusion
Avec le recul, je suis vraiment soulagée d’avoir su m’écouter et détecter à temps mon ras-le-bol, sans vouloir m’acharner à tout prix à rester dans un boulot qui ne me convenait plus.
Changer de voie n’est pas un échec, au contraire, c’est la preuve qu’on prend sa vie en main et qu’on quitte le pilote automatique pour passer en manuel. C’est une décision ultra-positive !
Si tu es actuellement dans ces questionnements, ou si tu as déjà entamé ta reconversion, je sais ce que tu vis. Le mélange d’excitation face au nouveau champs des possibles, et la peur de te planter, de t’être surestimé, de ne pas trouver ta place dans ton nouveau domaine.
Je n’ai qu’une chose à te dire : n’aie pas peur ! Ca va bien se passer. Car en vérité tu as déjà fait le plus dur : te mettre en mouvement. Le reste viendra tout seul.
Ça t’a plu ?
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